Artisans farfelus et UNESCO (2/2)

Publié le par goelette.portolomba.over-blog.com

« La préservation de la diversité est précisément l'esprit qui anime le concept de patrimoine culturel immatériel tel que définit par l’UNESCO. »

 

« Diversité » et « patrimoine culturel immatériel » concepts hautement maîtrisés par notre équipe de professionnels et leurs supporters.

 

2 – Compagnonnage :

 

Le compagnonnage inscrit par l'UNESCO au Patrimoine culturel immatériel (16/11/2010)

« Je suis particulièrement heureux de vous annoncer que le compagnonnage vient d'être inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO. Les Compagnons du Tour de France accèdent ainsi à la reconnaissance mondiale quant à l’originalité de leur méthode de transmission des savoirs » (1)

 Le terme compagnonnage désigne principalement une branche du mouvement ouvrier français, célèbre pour son Tour de France, qui connut l'apogée de sa renommée avec Agricol Perdiguier au milieu du XIX ème siècle avant de disparaître presque entièrement suite à l'industrialisation, à la transformation de l'apprentissage et à l'autorisation des syndicats ouvriers. Il a cependant échappé à l'extinction au début du XXème siècle avant de connaître une période de renouveau.

Le compagnonnage a également été pratiqué plus marginalement en Belgique, et sous une forme un peu différente au Canada et en Allemagne. Mais il ne s'est jamais implanté en Grande-Bretagne, dans laquelle une autre forme d'organisation, les « sociétés amicales » ont succédé aux confréries et corporations du Moyen Âge.

  

Le compagnonnage français a été inscrit au patrimoine immatériel de l'humanité en 2010 sous le titre « Le compagnonnage, réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier ». Un comité intergouvernemental de l'UNESCO réuni à Nairobi y a vu « un moyen unique de transmettre des savoirs et savoir-faire ».

 

 

COPAINS et COMPAGNONNAGE A LOMBA

« L'homme pense parce qu'il a une main ». Anaxagore (500-428 av. J.-C.)

 

Le terme « compagnonnage » n'apparaît dans la langue française que vers 1719, pour désigner le temps du stage professionnel qu'un compagnon devait faire chez un maître. « Du latin populaire *companionem, proprement, « celui qui partage le pain avec un autre », de cum, « avec », et panis, « pain ». Dont est issu copain.

 

Ainsi, la joie de vivre naît souvent de savoir créer avec ses mains, de posséder un métier véritable, et ne pas être un individu interchangeable par manque de qualification professionnelle.

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Un métier, nécessaire à la vie matérielle, nécessaire aussi à l'accomplissement de l'être, et facteur d'équilibre social.19_BeruRoues2.JPG

 

Les capacités du Compagnon à s'adapter aux changements technique de son métier et aux innovations sont manifestes. Face à la machine, il n'éprouve jamais de sentiment d'infériorité, car sa formation fait qu'il se sait capable d'exécuter le travail qu'elle produit. La machine, fût elle un programme de traçage de voilier sur ordinateur, reste à son rang d'instrument épargnant la peine et diminuant le temps d'exécution.

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Le/a Compagnon/ne n'est pas réduit/e au rôle de simple servant/e, et c'est pour cela qu'il/elle peut hardiment adopter les techniques les plus modernes.

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Maîtrisant parallèlement les savoir-faire anciens, il peut satisfaire l'exigence d'authenticité  face à l'envahissement du "prêt-à-jeter", même si le coût reste un frein à cette tendance.

  

Le besoin de se surpasser en développant ses capacités tant en habileté qu'en connaissances trouve un champ sans limites pour s'exercer dans l'enseignement du compagnonnage.

  

  

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Synthèse historique compagnonnique :

  

Au plan général et humain, ce terme évoque un compagnonnage de vie, un groupement de personnes dont le but est : entraide, protection, éducation, transmission des connaissances entre tous ses membres. Valeurs mises en application, depuis la première réalisation : construction du Temple de Salomon (Xème siècle av. J.C.), en passant par celle des cathédrales (XII et XIIIème siècle), puis l’adaptation à l’ère industrielle (XIXème) qui a induit un déclin du compagnonnage.

 

C'est ainsi que les légendes compagnonniques font référence à trois fondateurs légendaires: Salomon, Maître Jacques et le père Soubise qui les mettent en scène à l'occasion de la construction du Temple de Salomon, événement censé avoir vu naître l'ordre des compagnons, bien que les textes bibliques qui la décrivent n'en fassent pas mention ;] La date supposée de son achèvement se situerait aux alentours du X ème siècle av. J.-C., celle de sa destruction par les Babyloniens en -586.

Fixer une date précise à la naissance du compagnonnage nécessiterait de lui donner une définition précise qu'il n'a jamais eue, et les archives des compagnonnages ne remontent guère avant le XVIIIème siècle.

Il y eut probablement des organisations d'ouvriers et d'artisans dès les origines de ces métiers. L'étude comparée des religions et des traditions des différents pays du monde semblent montrer que ces artisans se sont transmis des connaissances plus Le compagnonnage existait déjà au temps de la construction des cathédrales, des signes particuliers aux compagnons y sont reconnaissables, ces compagnons voyageaient dans tous les pays d'Europe et principalement en France.

En France, l'organisation des métiers sous l'Ancien Régime est construite autour des corporations et de trois états: apprenti, compagnon et maître. Pour les compagnons, il était extrêmement difficile, à moins d'être fils ou gendre de maître, d'accéder à la maîtrise. De plus, le « livre des métiers », rédigé en 1268 à la demande de Louis IX, interdisait à tout ouvrier de quitter son maître sans son accord. C'est par réaction à ces mesures que seraient nées les premières sociétés de compagnons indépendantes des corporations. Elles ne prirent le nom de « compagnonnages » qu'au XIXème siècle et se nommaient jusque là des « devoirs ».

  

La première mention indiscutable des pratiques compagnonniques remonte à l'année 1420, lorsque le roi Charles VI rédige une ordonnance pour les cordonniers de Troyes dans laquelle il est dit que :

« Plusieurs compaignons et ouvriers du dit mestier, de plusieurs langues et nations, alloient et venoient de ville en ville ouvrer pour apprendre, congnoistre, veoir et savoir les uns des autres] »

À partir du début du XVIII e siècle, le compagnonnage présente deux fortes caractéristiques: Sa puissance en tant qu'organisation ouvrière devient considérable. Il organise des grèves parfois longues, contrôle les embauches dans une ville, établit des « interdictions de boutiques » contre les maîtres récalcitrant, va même parfois jusqu'à mettre l'interdit sur des villes entières, les privant de toute possibilité d'embauche et les menaçant par là-même de faillite généralisée. Et dans le même temps sa division est profonde et les rixes entre compagnons de devoirs rivaux font de nombreuses victime].

Si la Révolution française concrétise en avril 1791 une très ancienne revendication du compagnonnage en mettant fin au système des corporations par le décret d'Allarde deux mois plus tard la loi Le Chapelier interdit les associations ouvrières.

Le marasme économique qui suivit le Premier Empire incita les ouvriers à chercher un emploi hors de leur région natale. Le Tour de France des cathédrales fut remplacé par le Tour de France de l'emploi où chacun put augmenter la somme de ses connaissances professionnelles par l'apprentissage de techniques et savoir-faire multiples ; ce fut ensuite l'apogée du compagnonnage.

La seconde moitié du XIXe siècle voit le déclin du compagnonnage sous l'effet conjugué de la révolution industrielle qui met en place des procédés de fabrication moins dépendants des tours de main et secrets de métiers, de l'organisation de la formation par alternance, de l'échec de l'unification des compagnonnages et du chemin de fer qui bouleverse la pratique séculaire du Tour de France à pied. À partir de 1884, les syndicats, désormais autorisés, montent rapidement en puissance dans le monde ouvrier et tournent en dérision les pratiques ancestrales du compagnonnage, qui semble condamné à disparaître rapidement. Le machinisme qui engendre la grande concentration industrielle faillit lui être fatal.

Seule une poignée de Compagnons maintient la tradition entre les deux dernières guerres.La plupart des corporations  qui ont survécu jusqu'aux années cinquante ne tiennent plus que par une poignée d'hommes. De ces fonctions qui ont été sa raison d'être jusqu'à son apogée - défense des intérêts de l'ouvrier, secours mutuel, transmission du savoir - ne reste au compagnonnage que cette dernière. Mais si l'on veut expliquer le renouveau qu'il a connu dans la seconde partie du XXe siècle, il faut bien chercher des raisons ailleurs et résumer les motivations de ceux qui viennent au compagnonnage par ces quelques mots : la quête d’un idéal.

Ainsi, le compagnonnage se développe à nouveau. Les valeurs de fraternité, équité, goût de l'effort pour le bien commun, présentes dans le compagnonnage répondent à l'attente d'une jeunesse éprise d'idéal et son ancienneté est garante du bien-fondé de leur mise en application. Le compagnonnage attire de jeunes recrues en conciliant traditions et modernité et en recherchant l'excellence. Il s'ouvre à une dimension européenne. Plusieurs musées, dont celui de Tours, lui sont dédiés. (2)

 

 

 

(1)   Jean-Michel MATHONIÈRE Posté dans la rubrique Compagnonnages et/ou métiers, Manifestations

(2)   A partir de Wikipédia

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